On a comparé les offres d'Internet par satellite, qui faut-il choisir ?


Orange vient de se lancer à l’assaut de Starlink avec une offre d’Internet par satellite. En théorie, l’abonnement de l’opérateur, calqué sur la solution de sa filiale Nordnet, vient concurrencer la technologie proposée par la société d’Elon Musk. Il existe cependant une différence majeure entre l’infrastructure des deux acteurs qui risque d’affecter l’expérience des abonnés, surtout des clients friands de jeux vidéo en ligne. On fait le point.

Cet automne 2023, Orange a levé le voile sur sa première offre d’Internet par satellite. Destiné à rivaliser avec Starlink, l’abonnement permet de se connecter à Internet par le biais d’un réseau satellitaire. Il se destine aux Français qui résident dans des zones blanches, complètement dépourvues de la fibre optique. Aux dernières nouvelles, 12 millions de Français se retrouvent dans ce cas de figure, indique une étude de l’UFC-Que Choisir.

Pour l’opérateur historique, il n’est d’ailleurs pas possible de fibrer l’intégralité du territoire français. Malgré des investissements colossaux, une partie de la France restera privée de la fibre optique. Orange estime qu’il faudra donc impérativement développer des alternatives à la fibre pour éviter que certains Français soient laissés pour compte. C’est pourquoi le groupe vient de se tourner vers le satellite et de lancer une offre de box Internet 5G.

À lire aussi : Grosse amende pour Orange, qui n’a pas respecté un engagement de déploiement de la fibre

Des débits et des prix similaires chez Starlink et Orange

De prime abord, les deux offres sont très similaires. En effet, Orange promet des débits allant jusqu’à 200 Mbit/s en descendant et jusqu’à 15 Mbit/s en montant. De son côté, Starlink évoque des débits théoriques situés entre 200 et 250 Mb/s en téléchargement, et entre 30 à 40 Mb/s en envoi.

Sur le papier, les deux solutions sont dans un mouchoir de poche, d’autant que les tarifs des deux firmes sont très proches. Orange demande en effet 49,99 € par mois à ses clients, tandis que Starlink facture son service 40 euros par mois aux particuliers. Il faut également prendre en compte les coûts annexes. Orange facture 8 euros par mois pour la location de la parabole. Il est aussi possible de l’acheter pour la somme de 299 euros. On y ajoute 50 euros de frais d’activation et éventuellement 299 euros si vous souhaitez qu’un professionnel vienne installer l’antenne chez vous à votre place.

Orange Starlink Internet Satellite
© Orange

Chez Starlink, le kit matériel est vendu 450 euros, ou via un abonnement mensuel de 10 euros. On doit par ailleurs prendre en compte des frais de maintenance et de livraison de 23 euros. En un an, l’offre de Starlink revient à un peu plus de 620 euros, contre 745 euros chez Orange. L’opérateur télécom est donc légèrement plus cher que son rival.

Et la télévision alors ?

Notez que l’offre d’Orange ne comprend pas de décodeur TV. Les clients doivent repasser à la caisse pour pouvoir regarder « les 26 chaînes locales et régionales », indique Orange, qui conseille « de s’équiper d’un décodeur compatible FRANSAT en autonomie ou le louer auprès de Nordnet à 6€/mois ». Cet ajout fait grimper la note finale annuelle de 72 euros, au-delà des 800 euros. On reste loin de l’offre TV intégrée aux Livebox.

Évidemment, les abonnés Starlink devront aussi ressortir leur portefeuille pour regarder la télévision. Comme les clients Orange, ils peuvent passer par un service comme Molotov pour obtenir davantage de chaînes. Ils peuvent aussi regarder les chaînes de télévision locales, dont les stations sont situées à moins de 120 km, en ajoutant une antenne à leur téléviseur. Sur la question de la télévision, Orange et Starlink se heurtent au même problème. Il faudra s’émanciper du traditionnel décodeur, ce qui risque ne pas plaire à tout le monde.

Une approche très différente

L’infrastructure satellitaire d’Orange est très différente de celle de Starlink. La société d’Elon Musk s’appuie en effet sur une vaste constellation de satellites en orbite basse autour de la Terre. A contrario de son rival, Orange appuie son service sur un satellite géostationnaire. Orange, tout comme la filiale Nordnet, exploite en effet le satellite Konnect VHTS. Conçu par Thales Alenia Space pour Eutelsat, c’est le plus grand satellite jamais créé en Europe.

Konnect Vhts
© Thales Alenia Space

Les satellites géostationnaires sont positionnés à une altitude d’environ 36 000 km au-dessus de l’Équateur. Le satellite suit la rotation de la Terre, apparaissant stationnaire par rapport à un point fixe sur la surface de la planète. De leur côté, les satellites en orbite basse se situent à des altitudes beaucoup plus basses, généralement entre quelques centaines de kilomètres et approximativement 2 000 km au-dessus de la Terre. Starlink précise que ses satellites orbitent entre 540 et 570 km de la surface terrestre. Ils sont donc beaucoup plus proches que celui utilisé par Orange.

Le problème de la latence

Cette stratégie différente a une influence sur la latence, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’envoi d’une commande ou d’une requête et la réception de la réponse. Dans le cas d’une connexion satellitaire, il s’agit de la distance que doivent parcourir les signaux entre l’émetteur et le récepteur.

Starlink Latence
© Starlink

À cause de cette approche différente, Orange annonce une latence élevée de 700 ms, contre seulement 40 à 60 ms de ping pour Starlink. Cet écart est directement lié à l’utilisation d’un satellite géostationnaire. Plus éloigné dans l’espace, celui-ci pèche par une latence plus élevée que les constellations en mouvement perpétuel comme celles de Starlink. En raison de l’altitude élevée, les signaux en effet prennent plus de temps pour voyager entre la Terre et le satellite.

« Le temps de transmission de données aller-retour entre l’utilisateur et le satellite, également connu sous le nom de latence, est élevé, ce qui rend presque impossible la prise en charge du streaming, des jeux en ligne, des appels vidéo ou d’autres activités à haut débit de données », explique Starlink sur son site web au sujet des satellites géostationnaires.

Avec les satellites en orbite basse de Starlink, à proximité l’un de l’autre, les signaux ont moins de distance à parcourir, permettant des communications plus rapides. Les communications en temps réel, comme les appels vidéo ou le streaming, s’annoncent plus stables en passant par des satellites en orbite basse.

Un argument de taille en faveur de Starlink

La latence élevée de l’offre d’Orange est un véritable frein pour certaines catégories d’utilisateurs. Les amateurs de jeux vidéo en ligne risquent en effet de rencontrer des problèmes pour s’adonner à leur passion. Contacté par nos soins, Orange admet que la latence « ne permet pas de jouer à des jeux vidéo en réseau nécessitant de la réactivité (ex : jeux d’action, FPS, jeux de sport) ». L’opérateur précise cependant que « les jeux de plateaux (casino, échecs, jeux de stratégie…), ainsi que les jeux avec des tours de rôles restent possibles avec une connexion satellitaire ». En clair, vous allez devoir faire une croix sur Fortnite pour opter sur des échecs en ligne.

Sur ce cas d’usage bien précis, Orange est nettement distancé par son nouveau concurrent. Si vous vous considérez comme un gamer, on vous recommande plutôt de vous tourner vers Starlink. La société d’Elon Musk promet d’ailleurs noir sur blanc que l’accès satellitaire offert aux clients est « capable de prendre en charge le streaming, les jeux en ligne, les appels vidéo, et bien plus encore ».

Par contre, les clients d’Orange ne devraient pas rencontrer de problèmes de connexion lors d’un appel vidéo ou devant une série sur Netflix. Comme Orange nous l’a expliqué, « les usages de type SVOD ou visio sont bien compatibles avec l’offre satellite ». En effet, « la vidéo et l’audio étant parfaitement synchronisés, la latence ne gêne pas l’usage », indique le télécom.

Deux visions de l’Internet par satellite

Contrairement à Starlink, Orange présente l’Internet par satellite comme une solution palliative, un pis-aller, dans les zones dans lesquelles la fibre optique n’est pas disponible. Mais, pour l’opérateur, « la fibre reste la meilleure technologie possible ». Avant de conseiller l’Internet par satellite ou sa box 5G, Orange va d’abord vérifier si vous n’êtes pas éligible à la fibre. L’opérateur préférera toujours la fibre au satellite.

Ce n’est évidemment pas le cas de Starlink. La firme américaine met en avant sa « connexion Internet haut débit à faible latence » comme une solution viable pour tous les internautes du monde entier, sans axer sa communication sur les individus situés dans des zones dépourvues de la fibre.



Source
Catégorie article Technologies

Ajouter un commentaire

Commentaires

Aucun commentaire n'a été posté pour l'instant.